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Dernier Voyage. VISION

L’oeil mauve du cyclope métallique disparaît, happé entre les infinis parallèles de la voie. La lame effilée du crépuscule azuré déchire d’un dernier trait, l’horizon de ténèbres.

Le train file entre les nébuleuses de villes inconnues. Dans la nuit qui se prolonge je rêve d’autres territoires, d’autres légendes.
L’ombre ronde des cumulus dissimule la première étoile.

Le fantôme de la lune rousse glisse derrière le vent céleste.
Les quatre de l’apocalypse accompagnent mon galop ralenti. La faux retournée descend de son orbite millénaire. Le phénix renaîtra de ses cendres.

De tous les astres un seul a vu l’empreinte de ma pupille.
Les sphères marbrées rebondissent sur le billard, la terre a perdu sa lune.
Pendant ce temps les dragons rêvent et se prélassent sur la voie lactée.

J’ai fui les seigneurs de la guerre, qui arpentent, solitaires, les dalles de leurs châteaux millénaires.
J’ai fui leurs orgies de sang, les vierges sacrifiées et la dynastie des bourreaux.
Par delà la plaine des cendres, où se dressent les pals de Transylvanie, au-delà des volcans où les entrailles de la Terre déversent leurs flots purulents de laves, j’ai trouvé la charogne puante et infâme de la maîtresse du César
Son venin s’est répandu dans les cités de verre.
J’entends l’exhalaison funèbre d’une oraison. Les tambours s’approchent.

L’esprit de l’ambre scintille comme la dernière étoile à travers la poussière cosmique.
Les arabesques rouges du sang sur les dalles dessinent le destin cruel de la jeune vestale.
Les tambours marchent vers la citadelle, au rythme du coeur de la belle.
La lune rousse se voile la face.
L’hélicoptère s’éloigne dans le crépuscule.
L’écho de tes pas claque sur le granite des colonnes.
L’horloge égrène ses parcelles identiques.
La nuit enveloppe ton corps de son linceul humide.
Le rêve est fini, bientôt tu dormiras.
Ner det alohaux.

L’onde de choc nous a tous emportés.
Ta solitude résonne en moi comme le glas dans une nuit sans étoile.
Mes pas se font lourds comme les larmes sur ta joue.
L’hélicoptère s’éloigne dans le crépuscule et ton sourire porte le désespoir de l’amour.

Nous avons vieilli mille ans ce jour. Jamais plus rien, ne sera comme avant.
Les vestales ont éteint les feux, l’hélicoptère s’éloigne dans le crépuscule.

Je t’aime.


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