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THANATOS, Les Récifs

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« THANATOS »(Les récifs,1)
de Yann Minh

Le terme « Cyberpunk » fusion de cybernétique et d’un très discutable punk, pourrait qualifier ce curieux roman du français Yann Minh.

Dans un monde futuriste décadent et hypertechnologique, Tristan et Dyl tentent d’échapper à l’emprise d’un fou dangereux, Gillian qui fait commerce de doses de réalités virtuelles : il utilise pour cela des « Rob-cells », des colonies de nanorobots de la taille de cellules humaines, organisées en intelligence collective, qui enregistrent les souffrances chez des volontaires pour être vendus ensuite à des clients qui se les réinjectent directement dans les synapses. Des drogués de l’émotion forte, en somme!

L’écriture, tellement agressive qu’elle en devient toxique au bout de quelques pages, dépeint une société que Norman Spinrad dans ses oeuvres, qualifiait de « neuromantique », contrôlée par de grandes multinationales, livrée à la surinformation et entièrement connectée à Internet :


« Assise devant l’hémicycle translucide de sa table de montage, elle avait l’impression d’être au centre d’une gigantesque toile d’araignée qui la reliait au monde. La vie terrifiante des habitants de la terre lui parvenait à travers le réseau, digérée, inoffensive, prête à consommer sans danger.
La puissance de traitement des unités centrales était telle, qu’elle avait pratiquement accès en simultané à la totalité des bases de données du monde. Parfois, elle s’amusait à surfer entre les milliards de serveurs qui formaient le cyberespace. Le large plateau de verre s’animait alors d’une multitude de petites images hétéroclites, révélant chacune une tranche de vie quelque part.
Mais ce qui la fascinait le plus, c’était la moisson journalière de meurtres engrangés dans ses disques durs par les agents intelligents. »

Cette plongée dans le cyberspace, vaste réseau de réalité virtuelle, a des allures du Total Recall de K.Dick et du film de Kathryn Bigelow : Strange Days. Et le récit très violent, souvent indigeste, a bien appris du Neuromancien de Gibson. Il est également le fruit d’une bonne observation de notre société de fin de siècle, puisqu’il en trace les lignes de fuit cohérentes. Car la grande question qu’il pose, vraiment pas originale mais très actuelle, est celle du rapport homme/machine. On nous promet que bientôt, ils ne feront plus qu’un dans une fusion puces/neurones...À la lecture de ce roman « glauquissime », vraiment on n’est pas pressé...

Manue. Dans Player One 162 de Décembre 1997

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