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L’intelligence collective

Dans Thanatos, la cité est traversée par tout un bestiaire mécanique composé d’essaims de nanorobots, ou de robots hexapodes, organisés en intelligences collectives.
Cette idée d’un monde où les robots sont omniprésents, et se comportent comme des insectes m’est venue alors que je réalisais un documentaire sur les robots pour la cinquième.
Mes visites de laboratoires et mes entretiens avec les scientifiques français m’ont permis de découvrir cette nouvelles définition de l’intelligence artificielle, fortement influencée par la cybernétique.


La notion d’intelligence collective est née dans les années 60, de l’application, à la robotique, des analyses des ethologues sur le comportement des sociétés d’insectes.

Comment expliquer chez les insectes, que chaque individu participe à un comportement collectif complexe auto-régulé sans pour autant bénéficier d'une vision globale du but à atteindre ?

La réponse réside dans la notion d'intelligence collective. Une notion qui découle de l'observation des sociétés animales, une observation qui sera au coeur des travaux de nombreux cybernéticiens.

L’idée fondamentale de l’intelligence collective, c’est qu’à l’image des sociétés d’insectes (comme les fourmis et les abeilles), une grosse quantité de petits robots autonomes, dotés d’une perception réduite de leur environnement, et d’une programmation relativement simple, seraient capables de résoudre des tâches complexes, impossibles à réaliser par un robot doté d’une intelligence artificielle sophistiquée.

Les exemples sont nombreux, particulièrement dans les sociétés d'insectes (fourmis, abeilles, termites), mais aussi dans le système de défense de l'organisme (globules blancs) ou le système immunitaire (interactions macrophages-lymphocites).

Appliquée à la cybernétique et à la robotique cette notion débouche sur la robotique collective auto-organisée .

Citations

Voici quelques extraits d’un livre que je pense être la référence en matière d’explication de ce qu’est l’intelligence collective :
Intelligence collective. 1994.ISBN 2-86601-447-2. Editions Hermès.14 rue Lantiez.75017 Paris.

« La cybernétique va avoir une double influence sur les représentations du fonctionnement social chez les insectes et les différents modeles qui vont en être propose.
D'une part, en assimilant les insectes a des machines, et d'autre part en insistant sur les boucles de régulations intervenant au sein de la colonie, qui permettent de rendre compte de ses propriétés autostabilisés en même temps que de ses comportements en apparence finalisés.

En effet, comme le rappelle Jean- Pierre Dupuy dans son étude sur la première cybernétique, pour Mc Culloch l'un des principaux animateurs des conférences Macy, les organismes ne sont pas simplement analogues aux machines, mais ils sont des machines ; une machine étant pour Mc Culloch un être logico-mathématique qui est incarné dans la matière de l'organisme (Dupuy, 1986).

D'autre part, de même que pour les cybernéticiens l'esprit n'est que l'ensemble des propriétés d'un réseau de neurones interconnectés, il n'existe aucune différence d'essence entre de telles propriétés et celles de n'importe quel ensemble d’éléments interconnectés d'une façon similaire.

En particulier, "la colonie de fourmis n'est pas plus un superorganisme en surplomb par rapport aux fourmis individuelles que l'esprit n'est une totalité transcendante par rapport au réseau de neurones " (Dupuy, 1986) »

P 43 Guy Theraulaz. Intelligence collective. Editions Hermès 1994.ISBN 2-86601-447-2.


« De ce fait, l'intelligence artificielle distribuée (IAD), postule que l'intelligence n'est pas le fruit d'un individu mais d'une collectivité, c’est-à-dire d'un ensemble d'individus en interactions.

L'IAD se différencie ainsi de l'IA classique en portant moins son intérêt sur les modes de raisonnement des agents, bien que ces derniers restent tout de même pertinents pour son propos, mais en se concentrant sur ce qui fait sa spécificité : les actions des agents dans leur environnement, les modes de communications, et surtout les mécanismes de coopération (Bouron, 1992) et de compétition que les agents mettent en oeuvre pour, ensemble, accomplir et contrôler l’exécution de taches réputées complexes.

Il s'agit véritablement d'une révolution plus que d'une évolution dans la manière de penser la résolution de problèmes puisqu'il y a changement de paradigme, tant la perspective modifie profondément la manière de penser et d'utiliser l'intelligence.

Au lieu de la considérer comme uniquement une propriété des facultés cognitives d'un individu, on postule qu'elle "émerge" des interactions que les agents entretiennent entre eux et avec l'environnement extérieur au groupe. »

P 160. Jean Erceau, Jacques Ferber. Intelligence collective. Editions Hermès 1994.ISBN 2-86601-447-2.

Les systèmes à robots cellulaires
« (Beni, 1988)
Les systèmes à "robots" cellulaires s'inspirent du fonctionnement des automates cellulaires introduit par Von Neuman pour tenter d'abstraire la forme logique du processus naturel de reproduction (Von Neuman, 1966). Tout comme eux, ils se composent d'un réseau d'automates changeant d'états en fonction de l'état des automates voisins. Mais les automates cellulaires peuvent généralement changer d'états de façon synchrone alors que les robots cellulaires interagissent le plus souvent de façon asynchrone. Beni, le premier à avoir introduit le concept d'intelligence en essaim, propose deux types d'architectures correspondant respectivement à des robots stationnaires et mobiles.. »

P 192. Eric Bonabeau, Jean-Louis Deneubourg. Intelligence collective. Editions Hermès 1994.ISBN 2-86601-447-2.


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