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HISTOIRE DE L'INFORMATIQUE
Un survol rapide de l'histoire de l'Informatique

Non, l'informatique n'est pas née subitement d'une idée de génie aux USA durant la seconde guerre mondiale. Elle est l'aboutissement de démarches de plusieurs millénaires : Trois histoires parallèles et deux grandes rencontres.

Trois histoires parallèles :

L'histoire des instruments de calcul, du boulier à l'Arithmomètre de Thomas en passant pas les machines de Schickardt, Pascal, Leibnitz.

L'histoire de la logique mathématique d'Al Khorizmi (VIIIème siècle) à Alan Turing, histoire qui a accompagné celle de la mathématique.

L'histoire des automates depuis l'antiquité (Héron d'Alexandrie, Archimède) jusqu'aux grands automaticiens français des Lumières et Joseph-Marie Jacquard en passant par les grands horlogers, Vaucanson, etc.

DEUX GRANDES RENCONTRES

En 1832, un génial inventeur anglais de Manchester, Charles Babbage assisté de la mathématicienne Ada Lovelace, concevant la première machine à calculer universelle en faisant la synthèse du plus perfectionné des automates (le métier de Jacquard) avec l'instrument de calcul standard de l'époque (la machine de Thomas de Colmar, réalisation industrielle d'une machine de Leibnitz)..

Et en 1947, un grand mathématicien hongrois, John Von Neumann (Neumann Janos) concevant aux USA et construisant en Angleterre le premier ordinateur en mettant en oeuvre dans une machine de Babbage les résultats mathématiques d'Alan Turing, aboutissement de plusieurs siècles logique mathématique et de théorie du raisonnement.

DEFAUT STRUCTUREL
Nous venons là de mettre en évidence un fait essentiel : pourquoi fallut-il tant de temps pour arriver de la machine de Babbage à l'ordinateur ? C'est une question fondamentale.

La machine analytique de Babbage possédait tous les organes d'un ordinateur moderne.

Toutefois la technologie utilisée au siècle dernier, la mécanique, en rendait la réalisation extrêmement difficile. Une machine à vapeur avait même été énvisagée pour la commander. Le système technique du XIXème siècle était inadapté.

Mais surtout elle avait un défaut structurel qu'on ne vit vraiment qu'un siècle plus tard. Et ce défaut structurel découlait des conceptions scientifiques de l'époque. Il y avait une séparation totale entre l'organe de commande, le programmeur à cartes qui contenait les ordres de commande et les autres organes et informations, en particulier les données et résultats du calcul. L'idée que les résultats de calcul puissent réagir sur la commande qui nous parait évidente aujourd'hui était alors une hérésie intellectuelle absolue et une violation du dualisme esprit-matière. C'était inconcevable.

Aujourd'hui, et il ne faut surtout pas confondre avec l'ordinateur, on appelle machine de Babbage un calculateur universel à programme externe totalement indépendant des données et résultats de calcul.

1865
Cette idée que le résultat d'une action puisse réagir sur une commande a émergé lentement au cours du XIXème siècle. Par contre il faudra attendre le XXème siècle pour qu'on se permette de traiter automatiquement les ordres de commande comme de vulgaires données. Nous sommes là au coeur du fondement conceptuel de la révolution informationnelle.

En effet c'est en 1865 que Claude Bernard, fondant la physiologie comme science, montre l'importance de la rétroaction élément de l'homéostasie comme base des phénomènes de la vie, allant même jusqu'à pressentir la psychosomatique.

1859
Et c'est en 1859 que, selon la même démarche intellectuelle, naquit une des plus grandes inventions de l'histoire des techniques : le servomoteur de Joseph Farcot.

Joseph Farcot (1824-1908) était un ingénieur spécialiste des machines à vapeur. Il avait amélioré le régulateur à boules de Watt, servomécanisme empirique. Là sans doute il trouva la solution d'un grand problème : on utilisait des machines à vapeur pour faire avancer de puissants vaisseaux cuirassés. Mais on était incapable d'utiliser la force motrice de la vapeur pour positionner un gouvernail de plusieurs tonnes. On utilisait toujours des cabestans mus par des équipes de matelots ! Farcot eut l'idée de faire commander l'action de la vapeur sur le piston du gouvernail à partir d'une information prélevée sur la position de celui-ci. Il s'agissait d'une rétroaction : l'effet réagissant sur la commande. Les cuirassés géants devinrent immédiatement maniables à l'aide d'une simple roue de commande.

1848-1914
C'est dans la période 1848-1914 que furent dépassés les interdits des conceptions dualistes officielles et posées les grandes questions qui devaient déboucher sur la révolution contemporaine. C'est une période essentielle dans l'histoire de la pensée humaine. Même si les acteurs n'étaient pas en général conscients de ce qu'ils faisaient. Claude Bernard, Farcot, Charcot et l'hystérie, Freud, Morgan et Engels, le questionnement par Zola des miracles de Lourdes (déjà en 1846 Ada Lovelace s'était posée une grande question scientifique : d'où venait l'efficacité du mesmérisme), Ernest Renan, Charles Darwin, Einstein et la relativité, Mendéléev et bien sûr le dépassement dialectique du réductionnisme.

1930
Long fut encore le chemin. Dans les années 30 encore, le public était surpris de la finalité étrange de machines qui ne servaient qu'à afficher des résultats. Même après l'invention de l'ordinateur celui- ci fut longtemps réduit à une fonction de calcul considérée comme une activité annexe spécialisée.

De plus des tabous philosophiques causèrent encore des dégâts considérables dans les années 60. C'est avec Ilya Prigogine que fut vraiment dépassé le blocage épistémologique.

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©Gérard Verroust. Université Paris VIII.

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